Telle Elizabeth Gilbert, je suis tombée amoureuse, non pas à, mais de Bali… Nous gagnons l’île depuis Java par un ferry (sans mal de mer cette fois, cool !), puis nous dirigeons directement vers Ubud, une petite ville située dans le centre de l’île et connue pour être au centre de sa culture. Nous avions initialement prévu d’y passer 3 nuits, nous y sommes finalement restés 10 jours ! Surprise totale : je m’attendais à une île ayant vendu son âme au tourisme, aux attraits se résumant à la plage, au surf, aux bars et diverses discothèques et aux ressorts de luxe, et je me suis en réalité retrouvée face à un paradis, touristique de fait, mais protégeant jalousement sa culture et empreint de spiritualité. Un surprenant mélange bien loin de mes aprioris et ayant un charme fou, charme sous lequel nous sommes tombés tous les 4, Phil, Raf, Serge et moi.
Ubud est un dédale de petites ruelles étroites ornées de statues et comporte un nombre incalculable de temples. En effet, chaque maison possède son propre temple, parfois minuscule, parfois de taille conséquente. Les propriétés familiales sont organisées en lotissement de divers petits pavillons au toit aux bords recourbés, et sont ornées de statues de divinités hindouistes, bouddhistes et animistes, en vieilles pierres grises et souvent couvertes de mousse. Les jardins regorgent de fleurs, et sont soigneusement entretenus. En effet, Bali est l’île aux fleurs, on en retrouve partout : sur les arbres, dans les cheveux des femmes, dans les petits paniers d’offrandes, sur les statues de pierre… Chaque jour, la maîtresse de maison dépose avec dévotion de petites offrandes aux pieds des statues et sur le sol à différents endroits de la propriété, sur la rue face à l’entrée, les véhicules qui y sont garés. Les habitants de l’île pensent que celle-ci est peuplée de dieux, d’ancêtres, d’esprits et de démons. Les offrandes ont pour but de leur démontrer leur respect et leur gratitude, et de maintenir les démons à distance. La maîtresse de maison passe donc un temps fou à préparer ces compositions, disposant harmonieusement dans des petits paniers végétaux de forme variée (qui sont fait maison ou achetable en kit) des fleurs, de l’encens et une petite offrande de nourriture (riz, cracker). On apprend vite à marcher sur les trottoirs d’Ubud en évitant de les renverser tous les 10 mètres ! A chaque heure du jour, Ubud embaume une légère odeur d’encens et de fleurs de frangipanier, un plaisir pour les sens.
A chaque coin de rue, on tombe sur une nouvelle surprise, attestant à quel point la culture traditionnelle est maintenue ici : procession en costume traditionnel, des gamins balinais en pleine répétition de danse traditionnelle, un orchestre de femmes répétant un concert de musique locale (une sorte de capharnaüm organisé et mélodieux qu’on aime bien mais qu’on trouve un peu lancinant et obsédant à force de l’entendre perpétuellement dans les rues), des femmes déambulant tranquillement, vêtues d’un sarong tenu par une ceinture, et apportant au temple une montagne de fruits savamment empilés et tenant en équilibre sur leur tête comme par magie. Dans nos déambulations hasardeuses, on tombe aussi sur des combats de coqs, un sport national, ici comme dans le reste de l’Asie et qui nous laisse perplexes par tant de barbarie ! Devant une foule d’hommes surexcités qui tendent des billets de banque au bookmaker, les « entraîneurs » excitent leur poulain en lui rebroussant les plumes du cou, en arrachant quelques unes au passage, avant de le lâcher sur l’adversaire avec, détail le plus barbare, une lame de couteau attachée à l’arrière d’une de ses pattes. Si le gagnant ne finit pas le perdant, l’arbitre les rassemble sous un panier et si l’explosion de violence qui s’ensuit ne suffit pas, le perdant finit chez le cuisinier, qui lui arrache plumes et pattes sans même prendre la peine de l’achever et le plonge dans la casserole. Comme je le disais, nous restons assez perplexes et dégoûtés face à cette tradition sanglante.
Nous assistons aussi à des spectacles de danses traditionnelles (Kechak et Legong). Mon scepticisme initial face à ces spectacles pour touristes se transforme vite en un émerveillement total face aux costumes dorés étincelants, à la grâce de danseuses et à leur impressionnante souplesse et finesse des mains et des doigts. Pour les danses Kechak, le fond sonore (peut-on dire musical ?) est produit non pas par des instruments mais par une chorale d’hommes de tout âge assis en rond autour de la scène centrale, torse nu et des fleurs dans les cheveux, chantant et caquetant énergiquement pendant le temps du spectacle. Et si on regarde bien au fond de la salle, on peut voir qu’en fait, il n’y a pas que les touristes qui profitent du spectacle, les locaux observent discrètement.
A partir d’Ubud, nous rayonnons dans la région en mobylette, le principal moyen de transport local. Nous partons nous perdre dans la région, au sens propre comme au sens figuré, les locaux nous indiquant systématiquement des directions un peu fantaisistes, se contredisant régulièrement quand nous prenons plusieurs avis. On finira par utiliser le GPS de l’I-Phone de Serge pour arriver à destination, c’est plus fiable :-). Sur les routes de Bali, nous découvrons des paysages de jungle tropicale magnifiques, et des rizières en terrasses verdoyantes à couper le souffle.
Nous profitons aussi des avantages touristiques de l’endroit (qui rapportent tout de même 50% de ses revenus à l’île). Hôtels à la déco magnifique (sur ce point, les Indonésiens sont encore plus doués que les Thaïs), les warungs, de bons petits restos locaux à la lumière tamisée, (pour la nourriture, même si les Indonésiens ne sont pas mauvais, les Thaïs restent les maitres), petits magasins de vêtements plus sympas les uns que les autres, boutiques d’antiquités comparables à des cavernes d’Ali Baba (qui donnent juste l’envie de ramener un containeur rempli de merveilles vers l’Europe, rien que ca, on se retient mais qu’est-ce que c’est dur avec tant de tentations, on pourrait finir notre budget de voyage ici et ouvrir un musée ! :-)
Et oui, c’est sans même avoir mis le pied sur une plage que nous sommes tombés sous le charme de Bali !
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