Birmanie: prolongations :-)

29 NOVEMBRE

Lors de notre retour vers Rangoon, nous revivons bien entendu le même cinéma lors de l’achat des tickets de bus, a la difference tout de même que nous parviendrons a faire flechir l’employe de la compagnie. 10 heures de bus plus tard, nous arrivons a Rangoon, ou la guesthouse fourmille d’une etonnante activite. L’aeroport international de bangkok est ferme pour une duree indeterminee, occupe par des manifestants anti-gouvernementaux. Etant donne que c’est la principale porte de sortie du pays nous nous retrouvons bloques ici avec les differents backpackers rencontres une ou plusieurs fois sur les routes lors de nos differentes etapes birmanes.. En effet, au Myanmar, le tourisme est si peu developpe qu’on croise et recroise les meme tetes au cours du voyage, en fonction de l’itineraire de chacun. La guesthouse prend vite des airs d’auberge espagnole…

Nous profitons de ces quelques jours bonus pour nous rendre dans un haut lieu de pelerinage du pays : le Golden Rock, une espèce de rocher dore en equilibre au bord d’une falaise, soi-disant retenu par un cheveu du Bouddha. Pour l’atteindre nous prenons un puissant truck qui ne demarre qu’une fois totallement rempli. C’est la mesure de securite pour assurer que personne ne s’envole par dessus bord pendant le trajet plutôt « secoue » ! :-) Inconfort et sensation garanties, on adore. Nous escaladons ensuite la montagne, entoures de pelerins birmans, qui se rendent en famille coller quelques feuilles d’or sur ce monument sacre… mais que les femmes, etres hautement impurs, ne peuvent approcher a moins de 4 metres… Recueillement et ferveur religieuse sont au rendez-vous au sommet de la montagne, dans une odeur d’encens et au son des clochettes qui tintent au vent... atmosphere magique.

Birmanie: Detente au bord du golfe du Bengale... Si on veut :-/

23 NOVEMBRE

Nous regagnons ensuite Rangoon pour nous diriger vers les plages peu frequentees du golfe du bengale. Pour ce faire, nous devons traverser le delta de l’irrawady, qui avait ete devaste par le cyclone nargis en mai 2008. Zone ou apparement la presence d’etrangers est loin d’etre desiree. La compagnie de bus refuse tout d’abord de nous vendre les tickets, pretextant la necessite d’un permis (qui, nous le savions, n’etait plus d’actualite). Une fois demontre le fait que la zone est actuellement ouverte, ils refusent de nous vendrent les tickets, pretextant que le bus est complet… Une dizaine de personnes seulement attendent, on en mettait bien plus dans les bus birmans jusqu’à aujourd’hui :-/. Le vendeur de billets m’explique enfin qu’ils ne vendent pas de billets aux etrangers car une dizaine de check point militaires jalonnent la route. Les temps de verification de nos passeports impliqueraient un retard total de deux heures pour le bus. Malgre mon insistance, nous repartirons bredouilles. Mais sans avoir dit notre dernier mot. Optant pour la solution B, nous decidons de nous rendre au-dela de la zone controlee en prenant un ferry qui la contourne par le fleuve. La aussi nous rencontrons une farouche resistance mais obtenons nos tickets au bout de deux heures d’insistance… et sans bakchich ! Pour 7 dollars, nous achetons un espace sur le sol de 60*180 cm… pas énorme pour des europeens avec un sac a dos, pas top confo mais bon, ca ira. Nos voisins birmans nous voyant nous asseoir par terre nous offrent une de leur toile ciree excedentaire pour poser nos fesses.. toujours fideles a leur gentillesse legendaire. Le bateau demarre, c’est parti pour une croisiere de 19 heures qui s’averera etre un veritable cauchemard. Une fois le soleil couche, la lumiere du neon attire les insectes par milliers, ils nous pleuvent dessus, de toutes formes et de toutes taille, par centaines. Tout le monde se debat, les birmans comme les deux etrangers perdus parmis eux… jusqu'à se resigner au bout d’un moment… Des enormes coleopteres entrent dans mon pull… je les attnd a la sortie ! Beurk, j’ai l’impression de vivre Fort Boyard version longue ! Mais pas question de jouer les riches occidentaux equipes et d’installer la moustiquaire !Une fois arrives a la plage de Nwe Saung, le paradis nous fait vite oublie ce rude trajet de 28 heures au total. Notre petit bungalow de bambou perdu parmi les palmiers fait face a une plage de sable blanc et a une mer bleue à 30°C… Nous en profiterons pendant 5 belles journees, degustant des fruits de mer grilles, nous laissant flotter sur de grosses bouees gonflables, bien vite rouges comme des homards… Un des avantages de l’inaccessibilite de ce trou perdu est que nous avons la plage quasiment pour nous seuls… Detente apres baroudage intensif, que du bonheur. Les coupures d’electricite sont ici, comme partout, plus que frequentes. En fonction des regions, le gouvernement accorde un certain nombre d’heure d’electricite aux habitants. Si ils en veulent plus, ils n’ont qu’a posseder leur propre generateur et l’alimenter. Mais on apprend tres vite a se passer du superflu ici.

Mais le paradis n’est pas toujours rose : un vieil homme nous apprend que les cyclones, autrefois inconnus dans cette region, la devastent de plus en plus souvent : avant Nargis, qui a epargne Nwe saung, la region a ete completement devastee et inondee en 2006 par le cyclone Mala…
Pourtant, ici, pas d’emission de CO2 : ni voitures, ni electricite, ni grosses usines… neanmoins, les habitants paient cher les consequences de notre insouciance bien occidentale face au probleme climatique et notre refus de sacrifier notre confort face a un probleme bien evident. La totale injustice de cette situation me donnent la nausee !

Sur les routes birmanes...

19 NOVEMBRE
Nous quittons ensuite le calme de cette region pour nous diriger en bus vers Mandalay, une grande ville connue pour regorger de monasteres. L’etat des routes birmanes est tel qu’il nous faudra 10 heures de trajet pour parcourir les 150 km de routes de montagne jonchees de trous et de nids de poules ou il n’est pas aise de se croiser. En de nombreux endroits, la route auparavant à 2 bandes se retrecit en une seule, l’usure rongeant le macadam par les cotes. Il est tres clair ici que leur renovation est loin d’etre le principal souci du gouvernement, probablement trop occupe a investir dans son armee. Sur de nombreuses routes nous observons des birmans accroupis sous un soleil de plomb, remplissant les trous de goudron et de petits cailloux meticuleusement disposes les uns a cote des autres. Ca pue le travail force.
Neanmoins, comme toujours ici, la bonne humeur est bien presente dans le bus, les birmans fredonnent face a un ecran où defilent des clips de karaoke… Vive les chansons d’amour pendant 10 heures, les birmans, ces eternels romantiques, adorent, nous bof…:-/

Arrives a Mandalay, nous sommes surpris par la crasse, le bruit, la circulation chaotique et l’omnipresence des mobylettes. Phil et moi n’echangeons qu’un seul regard : c’est decide, demain matin, on quitte cette ville et on part vers l’etape suivante : Bagan. Et c’est reparti pour 8 heures de bus sur routes defoncees :-). Nous avons la chance d’arriver à Bagan avant le coucher du soleil, que nous admirerons du toit d’une pagode. Sur une vaste plaine sont dissemines des milliers de temples datant d’il y a plus de mille ans. Une merveille s’elevant au meme rang que les temples d’Angkor au cambodge. Le lendemain, nous louons des velos pour circuler sur cet impressionnant site dans une partie de cache-cache avec les petits vendeurs de souvenirs, un peu trop presents a notre gout, mais inevitables en ce site touristique majeur.

Birmanie: La quietude du lac inle

15 NOVEMBRE

Nous nous envolons ensuite pour Heho, dans la region du lac inle... le lac inle est une paisible etendue d'eau bordee de montagnes et est borde de villages inthas, avec de nombreuses maisons sur pilotis. Les hommes sont pour la plupart des pecheurs et gouvernent leur barques en manoeuvrant une rame a l'aide d'une de leur jambe, ce qui leur permet d'avoir une main libre pour manier le filet de peche. En superposant des couches de jacinthes d'eau fixees au fond de l'eau, cette ethnie a construit sur le lac des cultures hydroponiques sur lesquelles poussent diverses cultures dont celles de la tomate, du riz et même des vignes. Nous decouvrons le lac en bateau mais le voyage se transforme rapidement en une tournee des magasins de souvenirs, ce qui n'est pas trop notre tasse de the... nous partons donc le lendemain explorer la region en velo et parcourons les campagnes de villages en villages, accueillis par les cris des enfants curieux de decouvrir des touristes blancs... l'appareil photos fait sensation et la vue de leurs portraits est accueillie par des rires tellement vrais et spontanes qu'ils vous vont droit au coeur... ce sont des purs moment de bonheur que nous vivons la... Ici, vu la tres faible affluence touristique, il est facile de sortir des sentiers battus... Avec mes cheveux blonds et mon teint pale, je me sens observee comme une extra terrestre a un point que cela en devient genant par moments...

Le lendemain nous partons avec un local et un ami allemand rencontre sur les routes pour un trek de 3 jours et 2 nuits au travers des montagnes et des rizieres, a la rencontre des ethnies shan et pao. A nouveau l'accueil est incomparable... nous sommes accueillis chez l'habitant pour les repas et les nuits, et ils vous offrent ce qu'ils ont de meilleur sans rien attendre en retour... nous gouterons ainsi de delicieux curries bamars aux legumes du jardin... Ces gens si simples vivent dans des maisons aux murs formes de nattes de bambous, ne comportant qu'une seul piece qu'ils enfument pour se proteger des moustiques... Nous sommes accueillis dans une famille pao, qui a invite tout le voisinage pour l’evennement de notre visite. Nos hotes possedent le luxe d’avoir une TV munie d’un DVD, petit ecran autour duquel se reunit chaque soir une grande partie du village. Voilà qui rappelle les annees 1950 en Europe, loin de notre societe actuelle ou chacun se barricade chez soi. Nos hotes nous montrent fierement les clips d’une chanteuse Pao, mais leur fierte est tellement touchante qu’elle nous affecte plus que le cote un peu ridicule du clip et nous aide a n’echanger que des regards complices (je ris encore en repensant a ce clip, avec la chanteuse balancant les mains et la tete en cadence :-)).

Pour la plupart, les familles de la region vivent de la culture des feuilles servant a fabriquer les cherroots, des cigares exportes dans toutes la birmanie et en chine et en coree (un partenariat commercial entre regimes semblables ne peut que marcher!!!). Les flancs escarpes montagnes regorgent de cultures de ces feuilles, les femmes les cueillent avant de les secher sur des plaques chauffantes artisanales, avant que l'industrie locale ne les rachete pour les rouler en cigares... tout ce travail ereintant pour un salaire moyen de 2.5 dollars par jour! Dans ce pays comme partout en asie du sud est, les gens travaillent avec un courage admirable simplement pour subsister, me rappelant a nouveau la facilite de nos vies de consommateurs occidentaux. Nous parcourons ainsi des paysages sublimes, admirant les rizieres dans des vallees encaissees entre des flancs de collines ou la jugle a repris ses droits, reprenant nos souffles apres l'ascension d'une montagne escarpees, face a des panoramas splendides... Nous traversons de magnifiques villages de pecheurs, sur des sentiers bordant une riviere jallonees de petits ponts menant aux maisons de bambous, et toujours accompagnes par une meute d'enfants rieurs et curieux... J'adore ces moments là!

toujours aussi sportive, j'ai un mal fou a arriver au bout... mais dans ce cas-ci, c'est le seul moyen d'acceder a ces regions tellement reculees ou si peu de touristes n’aient jamais eu l’occasion de poser le pied... effectivement, comme notre guide nous l'avait promis avant le treck, les touristes nous n'en croiserons aucun durant ces quelques jours loin de tout... Sinon remboursés ;-)

Birmanie, terre bouddhiste

11 novembre 2008


Que votre liberté
puisse servir la nôtre

Aung San Suu Kyi




Nous prenons ensuite un vol vers Rangoon, l'ancienne capitale du Myanmar (Birmanie). Nous partons ensuite a la decouverte de cette ville, traversant divers quartiers pour en atteindre le centre... et je dois avouer que pendant une petite heure je me suis demandee si j'allais ou non aimer ce pays aux routes defoncees, aux trottoirs jonches de detritus et de crachats rouges de betel (un melange de racines que les habitants machent pour planer), aux facades devorees par la crasse, a la poussiere omnipresente et a la foule dense. De plus, je n'aime jamais beaucoup les villes... Il me faudra cette petite heure pour me convaincre que oui, je vais aimer ces gens au sourire tellement present et toujours bienveillant, ces enfants rieurs et joueurs, les femmes aux cheveux magnifiques et aux joues fardees de tanaka (une poudre qui, en plus de les maquiller, les protege du soleil), les hommes deambulant nonchalement en longyi colore, une sorte de jupe, ce peuple tellement digne et genereux malgre son extreme pauvrete, ... toutes ces couleurs et ces odeurs, je les aime deja!

La ville parsemee de pagodes et de monasteres rutillants temoigne d'une foi bouddhiste profonde. Nous avons de la chance et arrivons pile pour le festival de la pleine lune de novembre, durant lequel de nombreux pelerins viennent en famille celebrer leur foi en bouddha. De petites processions de voitures et velos decores de petites loupiottes et clamant des messages d'une voix nasillarde animent toute la ville. Les pagodes sont eclairees de milliers de bougies pour l'occasion. Atmosphère magique au son des clochettes et dans une odeur d'encens. Les pelerins tournent autour de la stuppa centrale, et prient dans les petites loges qui la bordent, et pic-niquent aux abords de la pagodes en famille... Nous sommes impressionnes par cette atmosphere de reccueillement et de ferveur religieuse. Nous parcourons la ville et retrouvons cette atmosphere dans les differentes pagodes notamment dans la fameuse pagode shwedagon, veritable joyau du sud est asiatique, la plus belle construction que nous n'ayons jamais eu la chance de voir. Nous rencontrons un jeune moine dont je ne citerai pas le nom pour lui eviter tout ennui ulterieur (on apprend vite a etre prudent ici...). Notre moine a 25 ans et est originaire d'un village au nord de rangoon. Nous sympathisons et il nous confie a voix basse, avec des regards inquiets autour de lui, sa facon de penser et son profond degout vis-a-vis de ses dirigeants. Il nous raconte que suite aux manifestations de l'annee derniere, auxquelles il a activement participe, il a du fuir son monastere de rangoon pour rejoindre son village pendant quelques mois, pour eviter de 'disparaitre' comme ce fut le cas de plusieurs centaines d'autres. Il dit etre pret a se battre le jour venu, meme contre des membres de sa propre famille. En effet en Birmanie, chaque personne possede un membre de sa famille dans l'armee, ou le recrutement de fait surtout sur base de l'appat du gain. Nous avons beaucoup de mal a comprendre comment un tel engagement est compatible avec une foi bouddhiste (et pourtant nous assistons a de veritables manifestations de foi de la part de ses membres). Il manque surtout un meneur aux opposants du regime, leur charimatique leader Aung San Suu Kyi etant toujours assignee a residence surveillee depuis plus de 12 ans maintenant.

Parler ne peut se faire librement ici, nous devons eviter les endroit publics tels que la pagode pour avoir ce genre de conversations. En effet le regime en place est base sur l'espionnage et la delation, ainsi que sur une non-education des masses. Les espions sont nombreux, notamment dans les hauts lieux touristiques ou de faux guides sont charges de surveiller les occidentaux trop ouverts a la conversation avec des locaux... guide qui lors de notre visite, nous confie que le moine qui nous accompagne n’en est point un… atmosphère de méfiance déconcertante….


et pour un peu mieux comprendre

http://archives.lesoir.be/birmanie-le-monde-hurle-la-junte-tire_t-20070927-00D45G.html