Petit détour dans l'Inde du plancher des vaches

Nos visas indiens en poche, nous entrons en Inde avec un petit jour de retard par rapport à la date d’expiration de nos visas népalais… jour de retard qui passera inaperçu aux yeux des douaniers (héhé, chacun son tour d’arnaquer l’autre ;-)). Et là, une fois de plus, nous changeons de monde : on entre dans un dépotoir bondé : les rues sont sales, puantes et pleines de monde… une foule beaucoup plus masculine qu’au Népal… mais où sont passés tous les beaux saris colorés ? L Une foule plus bovine aussi, avec des vaches sacrées se faisant un malin plaisir de jouir de leur rang et de traîner au milieu des avenues, toisant dédaigneusement la masse klaxonnante bloquée en face d’elles.



A notre arrivée à la gare routière frontalière, notre bus public à direction de Vârânasî roule déjà, portières ouvertes. Nous avons à peine le temps d’y balancer nos sacs à dos et de sauter en marche. C’est quoi cette manie de partir en avance ? Nous découvrirons plus tard que c’est une habitude des chauffeurs de bus, qui leur sert de prétexte pour foncer comme des dératés pendant tout le reste du trajet ! Comme si quelqu’un espérait que le bus arrive à l’heure ?!? Et nous voilà partis pour un concert ininterrompu de 14 heures de klaxon en direction d’une des villes les plus saintes d’Inde. Quelques pauses dans des gares puantes, sans toilettes svp, mais avec une odeur d’urine dépassant celles cumulées de l’ensemble des toilettes publiques belges, non, européennes. OK, la gare est un urinoir en elle-même, mais un urinoir bondé, les passagères s’abstiendront, je m’y fais, et je me rabats sur la faim qui ronge mon estomac et dégotte de délicieux samossas à la pomme de terre et aux épices. Mmmmh un délice épicé qui m’enflamme la bouche et me donne soif. Zut, m’hydrater, est-ce vraiment une bonne idée avec les 8 heures de trajet qui nous restent sans espoir d’arrêt pipi? Une fois arrivés à Vârânasî, les rickshaws nous demandent plus de 10 fois le prix d’une course et ne négocient pas facilement… OK, on n’est pas arrivés ! Surtout qu’après un slalom intense dans un trafic incroyable, croisant des magasins de saris plus colorés les uns que les autres, il nous dépose à l’entrée de la vieille ville, un labyrinthe piétonnier de ruelles étroites dans lequel nous nous perdons pour enfin atteindre notre guesthouse, dont le slogan affiché sur la façade est « Yes, we are less dirty ». Que du bonheur !



Vârânasî est une ville sainte traversée par le Gange. C’est un lieu de pèlerinage pour de nombreux hindouistes qui viennent se purifier dans l’eau sacrée, s’y baignant, la buvant, ou y inhumant leurs morts qui sont ensuite incinérés sur ses berges. De nombreux fidèles, sentant approcher les derniers jours de leur vie présente, se rendent ici avec leur famille et venant y attendre leur dernier souffle, priant pour sortir du cycle perpétuel de réincarnations. La ville est aussi peuplée de sâdhus, ces hommes saints et colorés en quête spirituelle, ayant renoncé à la société, ne possédant rien et se nourrissant uniquement de dons.



Tout cela autour de l’eau sacrée du Gange, une eau dont la concentration en Escherichia Coli, la bactérie fécale qui a tellement fait parler d’elle ces derniers temps en Europe, est plus de 3 fois supérieure à celle de la limite acceptable pour une eau de baignade selon les normes occidentales. Une eau qui, à chaque pluie de la période des moussons (dans laquelle nous entrons actuellement) récolte tous les détritus, l’urine, les bouses de vaches et autres excréments qui jonchent les ruelles crasseuses de la vieille ville qui surplombe le fleuve. Santé ! :-)



Vous le comprenez donc : oui, je trouve l’Inde sale, profondément sale, bien plus sale que tout ce que nous avons pu rencontrer jusqu’ici dans notre voyage. D’ailleurs, elle aura raison des 10 mois et demi d’entrainement intensif que mes intestins viennent de subir pendant notre trip… je tombe malade, mais dans un timing relativement bien calculé vu que je me retrouve bloquée au lit justement un jour de mousson intense et non interrompue, une journée où sortir rimait avec patauger en tongs dans l’eau des égouts (ou semblants d’égouts) qui avaient débordé. Bon calcul donc, ;-). Tu m’étonnes que je sois tombée malade : au petit déjeuner, Phil trouve des fourmis dans son thé et des crottes de souris dans ses crêpes. Si ce n’est ce jour-là, nous arpentons les rues de la vieille ville, ses bazars semblables à des décors de films, et longeons le fleuve bordé d’escaliers où dorment des sâdhus colorés ou nous laissons transporter par la spiritualité dégagée par la ville au lever du soleil depuis un petit bateau. Nous observons, assis sur ces escaliers, la vie locale, les familles venant se purifier et se baigner, les gosses jouant au criquet, véritable sport national ici suscitant les passions, et nous faisant sans cesse aborder par les rabatteurs, guides, masseurs,…



Après ce bain de spiritualité hindouiste, nous reprenons nos sacs en direction d’Agra, la ville où est situé le Taj Mahal. Pour nous y rendre nous prenons le train de nuit, franchement confortable et propre (malheureusement pas silencieux, mais bon, on ne peut pas tout avoir hein… et qui aurait l’idée de demander à des indiens de faire le minimum de bruit possible quand ils montent dans un train à 3h du matin ???). Une fois le soleil levé, les paysages défilent, nous laissant apercevoir des campagnes inondées et des villages franchement pauvres. En cette heure matinale, nous ne comptons plus les villageois accroupis, pantalon baissé, faisant leurs besoins aux bords des voies sans accorder la moindre attention au train qui passe.


De même quand noud reprendrons le train de Agra vers Delhi quelques jours plus tard, nous traversons dans la périphérie de Delhi les bidons-villes de loin les plus pauvres que nous aurons vus au cours de notre voyage, avec des gens dormant à même le sol ou squattant des chantiers, ou se réunissant autour d’un feu. Rude la pauvreté de l’Inde. L



Une fois arrivés à Agra, nous nous rendons dans un parc situé à l’arrière du Taj, exactement dans son alignement, de l’autre côté de la rivière Yamuna (la visite attendra le lendemain à l’aube pour éviter le flot de groupes touristiques et l’avoir pour presque nous seuls). C’est le souffle coupé que je contemple ce joyau architectural splendide aux murs de marbre blanc incrusté de pierres précieuses, à la symétrie parfaite et aux courbes harmonieuses. Un bijou qu’un empereur éperdu d’amour fit construire comme mausolée à sa femme décédée lors de son quatorzième accouchement (on ne va pas dire qu’ils ne l’ont pas cherché non plus hein !)… et qu’il regarda depuis la fenêtre de la cellule du fort d’Agra où son fils l’enferma après l’avoir destitué.


Hormis le Taj, nous errons dans les ruelles moins touristiques de l’arrière d’Agra, et profitons des bazars où se succèdent les scènes de vie, admirant les saris colorés et les montagnes d’épices, les étales de fruits, les oreilles des femmes parées de multiples boucles dorées,… Avec un thermomètre dépassant largement les 40°C, nous cherchons un peu de fraicheur dans les parcs où viennent se délasser les familles de touristes indiens après avoir visité leur fierté nationale.



C’est à nouveau en train que nous rejoignons Delhi pour regagner le Ladhak, où nous avons prévu de poursuivre notre voyage.



Retrouvez notre sélection de photos sur http://www.facebook.com/media/set/?set=a.10150230451187224.302903.591557223&l=8a446bd323&type=1


La suite de nos vagabondages népalais...

Retour sur Katmandu pour l’arrivée d’Alex avec laquelle l’aventure continue pour une bonne dizaine de jours. A notre grand ravissement, elle arrive le sac à dos rempli de merveilles : chocolat Côte d’Or, bières belges, une bouteille de vin rouge divin !!! Nous dégustons tout cela avec extase dans les jours suivants (encore merci Alex !). Nous nous arrangeons avec notre guesthouse pour prendre un bus vers Pokhara le lendemain et réservons un taxi pour nous amener au bus… persuadés que tout est bien clair, le lendemain à l’aube, tous les 3 encore un peu endormis, nous montons dans le taxi pour nous faire conduire, non pas à la station de bus mais… à l’aéroport ! Zut, on s’est fait avoir comme des bleus !!! Course endiablée jusqu’à la station de bus où pas de problèmes, notre bus est déjà parti (bien à l’heure, pour une fois) mais où nous pouvons prendre le suivant qui part immédiatement.



La route menant à Pokhara nous donne un échantillon de la beauté naturelle du Népal, loin de la pollution de Katmandou : elle serpente dans de magnifiques vallées, longe de nombreuses rivières aux remous surmontés de ponts suspendus ou de nacelles. Dans un concert de klaxons et de nuages de poussière, des camions multicolores s’alternent pour passer sur les innombrables ponts trop étroits pour permettre une circulation dans les 2 sens. Les paysages défilent, très verts, avec de belles cultures en terrasses sur les flancs escarpés des collines. Pokhara est une grande ville calme, entourée par les sommets enneigés des Annapurna culminants à plus de 6000 mètres. Nous sommes actuellement en saison de début de moussons, durant laquelle la visibilité est fortement réduite par la brume, ce qui ne nous permet d’apercevoir leurs petites têtes timides que tôt le matin (ce qui peut aussi vouloir dire pas souvent ;-). Quelques affaires dans le sac, une carte de la région à la main et nous partons pour un petit trek de 2 jours au travers des campagnes, à la rencontre des villages environnants et de leur simplicité. Nous passerons la nuit chez une gentille famille (les locaux semblent avoir l’habitude et nous le proposent spontanément à notre passage). Devant un bon Dal Bhat, nos hôtes nous expliquent fièrement qu’un de leurs fils est parti faire un doctorat au Japon, et qu’ils ont été lui faire une visite dans les mois passés. Waw, quel contraste ! Nous essayons de les imaginer à Tokyo, sortis de la simplicité de leur campagne du bout du monde (où, pour vous faire une idée, ils bénéficient à peine de 2 heures d’électricité par jour) pour être projetés dans un monde futuriste et tellement différent. D’ailleurs, le papa me fait remarquer à quel point la nourriture est bizarre et « peu goûtue » là-bas. Ben oui, après un quotidien de Dal Bhat et de thé au lait, il est clair que la gastronomie japonaise peut surprendre !



Une fois rentrés sur Pokhara, nous profitons de ses bons restos destinés à ravir les trekkeurs au retour d’un trek éreintant (ben oui, nous n’avons marché que 2 jours, et non pas 17, mais nous prenons un malin plaisir à faire comme si c’était le cas :-) Alex et moi décidons de sauter en parapente, une expérience que Phil a déjà tentée il y a 4 ans. Une fois bien harnachées à notre moniteur (le saut se fait bien sûr en tandem avec un mono), on attend que le vent prenne la bonne direction, puis on s’élance dans le vide et le vent nous soulève dans les airs, telles des oiseaux… waw, merveilleuse sensation que celle de s’envoler. Mais il faut admettre qu’au bout d’un moment, à force de tourner dans les courants ascendants en suivant les principes de notre professeur M. l’aigle, et à force d’admirer le panorama à gauche et à droite, ca soulève aussi un peu l’estomac ! Juste le temps de se le remettre en place par un bon repas, de repasser à la guesthouse prendre les sacs pour sauter dans le bus en direction de notre prochaine destination : Bandipur, un joli petit village traditionnel situé dans les collines, qu’on gravit en jeep commune depuis la route principale. Magnifique petit village pavé, à l’architecture newar, extrêmement bien préservé et piétonnier. Les maisons de vieilles briques sont ornées de fenêtres et de portes en bois finement travaillé, tout comme les poutres apparentes soutenant les toits. Phil était déjà passé par ici il y a 4 ans, et y avait fait pas mal de rencontres et de photos. Nous rencontrons donc certains portraits de son exposition, en personne et avec 4 ans de plus. Cela ne se marque pas trop pour la petite vieille qui égrainait le riz (une des photos de son expo, si vous vous en souvenez), qui n’a pas vraiment changé, si ce n’est un peu d’arthrose en plus. Madame est toujours aussi souriante et espiègle, et nous accueille en nous écrasant un gros pâté de tilak rouge sur le front et des fleurs dans les cheveux. Retrouvailles touchantes aussi entre Phil et Lila, 12 ans aujourd’hui. Phil avait rencontré Lila, 8 ans à l’époque, et comme le font en général les enfants ici, elle l’avait fièrement invité à prendre le thé dans sa maison familiale, où il avait pu rencontrer le reste de sa famille. Depuis lors, ils ont rénové une maison plus grande, où ils ont emménagé et dont ils occupent un étage. La maman nous montre fièrement le petit album photo rempli de portraits de famille que Phil leur avait envoyé depuis l’Europe à l’époque, et qu’elle conserve précieusement. Phil le complète par de nouveaux portraits de famille, avec Babou, le dernier né, un adorable petit bambin dont Lila prend déjà soin d’une main experte. Pas rose tous les jours leur vie dans ce petit village reculé : le papa a la main amputée suite à un accident de bus et développe une sorte de maladie cutanée généralisée suite à l’infection qui a suivi son amputation ; la maman, qui n’est pas non plus en très bonne santé, nous confie que Babou est son cinquième bambin et qu’elle a très peur de le perdre comme les autres ; Lila travaille chaque jour après l’école, vendant des biscuits et de la soupe sur la place publique…



En cette période de début de mousson, nous nous faisons régulièrement surprendre par des pluies soudaines et torrentielles, mais nous trouvons toujours un endroit où nous abriter : que ce soit en trek dans les campagnes, lors duquel nous trouvons abri avec une dizaine d’enfants sous un toit de tôle, ou dans le bus public dans lequel nous venons de monter, dont les vitres sans joints laissent l’eau ruisseler et tremper les sièges, ou dans les magasins des rues de Pokhara ce qui nous donne un tout bon prétexte pour faire un peu de shopping…



Nous montons ensuite dans un bus, à destination d’un autre bus, puis d’encore un autre bus qui nous conduira au Parc national du Chitwan, une grande réserve naturelle où on peut encore trouver des rhinocéros sauvages. Alignés en file indienne derrière un guide, nous partons explorer le parc à pied, pendant une longue marche d’une journée commencée à l’aube. Les instructions de « sécurité » sont claires : silence, et, en cas de charge de rhinocéros, grimper dans un arbre ou à défaut, se cacher derrière un tronc large. A défaut d’arbre, courir en zigzag en balançant progressivement son équipement (ca a l’ait facile, et puis quoi quand on n’a plus de fringues ???). Oui, le rhinocéros a apparemment un sale caractère... mais aussi de très mauvais yeux, contrairement à son ouïe et à son odorat. De plus, se méfier des ours jongleurs qui ont tendance à s’attaquer au visage. Nous marchons au travers des forêts, des grandes plaines d’herbes hautes (quel bel endroit sans arbre pour tomber nez à nez avec un rhino !), longeant la rivière. Nous apercevons au travers des arbres toute une série de cervidés et une ribambelle de babouins, à quelques dizaines de mètres de nous. Puis, en longeant la rivière et en essayant de ne pas se faire avoir par les sangsues avides de sang frais, nous apercevons dans la rivière un premier rhinocéros, barbotant et broutant les herbes aquatiques. Dans un silence total, sans trop oser bouger, nous l’observons et admirons sa peau cuirassée et mouillée luisant au soleil. Nous aurons la chance d’en apercevoir 4 sur la journée… A un autre moment, nous tombons sur un ours en train de se nourrir. Il n’en faut ni une ni deux à Alex et moi, les grandes courageuses, pour nous retrouvées agrippées au dos de nos guides armés d’un bâton et susceptibles de nous protéger en cas d’attaque toutes griffes sorties. Mais le vent est contraire et l’animal ne nous sent pas, et continue à vaquer à ses occupations… ouf ! A force de se rapprocher pour mieux l’observer, il nous voit, chacun observe immobile la réaction de l’autre, et l’animal finit par nous tourner le dos et quitter les lieux… re-ouf !!!



Nous partons à vélo explorer les petits villages reculés et les campagnes alentours, où on applique encore les techniques agricoles traditionnelles… le vent lié à la vitesse nous fait un bien fou ; ici, dans la plaine du Terai, la température dépasse largement les 40°C, c’est une vraie fournaise ! A nouveau, c’est un véritable festival de couleurs, un ravissement pour les yeux, les femmes accordent une grande importance à leur habillement et assortissent toujours pantalon, tunique et châle, qu’elles portent vers l’avant, posée sur leurs épaules. Et à nouveau, les habitants nous réservent un accueil plus que souriant et les enfants pépient d’innombrables « Namasté » en nous voyant passer, et nous invitent chez eux au moindre arrêt.



Pendant que Phil repart à vélo distribuer les photos qu’il a imprimées une fois rentré à l’hôtel, Alex et moi partons explorer une dernière fois le parc à dos d’éléphant. Grâce à l’odeur du pachyderme qui masque les nôtres, les autres animaux ne fuient pas à notre approche, et nous pouvons approcher des familles de biches à peine à quelques mètres de distance.





Il est déjà temps pour Alex de penser à retourner vers la capitale pour prendre son vol de retour, ces jours auront filé à une vitesse folle L. Nous prenons un bus à l’aube à destination de Katmandou, en espérant y arriver en début d’après-midi… c’était sans compter sur une grève de villageois ayant décidé de bloquer la route pendant… plusieurs heures… Nous patientons assis sur le tarmac, à l’ombre d’un camion coloré, en discutant avec les camionneurs locaux… Une fois enfin arrivés, nous passons une fin d’après-midi relax à visiter un autre site bouddhiste majeur de Katmandou, le Swayambunath (ou Monkey temple), un stupa sacré situé sur le sommet d’une colline en plein cœur de la ville et qu’on atteint en gravissant un long escalier où les singes ont élu domicile entre les statues des Bouddhas.



Le lendemain, nous repartons sur Patan pour faire découvrir à Alex, dont c’est le dernier jour, son magnifique Durbar square, son marché coloré, son yogi de paille de 20 mètres de haut, toujours sur le char sur lequel il a été transporté à l’occasion du dernier festival bouddhiste et toujours l’objet de nombreuses offrandes sacrées, ses sadous colorés, et ses innombrables odeurs et couleurs. On croise une cérémonie colorée équivalente à un baptême et nous faisons embarquer par la traditionnelle (et incroyable) hospitalité népalaise pour manger un délicieux dal bat. Après une séance de shopping obligatoire à Thamel, il est temps de clôturer ce petit bout de route parcourue ensemble et laisser Alex s’envoler vers la France.



Nous voici de nouveau à deux, avec un mois et demi de voyage devant nous… Nous réglons les quelques formalités administratives abrutissantes pour obtenir notre visa indien, puis prenons la route vers la frontière de ce nouveau pays. Sans oublier de faire un dernier stop à Lumbini, le lieu de naissance de Bouddha, suite logique du pèlerinage bouddhiste entamé inconsciemment depuis plusieurs mois… serions-nous sur la voie de la sagesse ? :-)



Et voici la suite des photos :



https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10150196463522224.294323.591557223&l=3156e77844



Nepal: decidement, non ce pays n'est pas laid!

Après avoir survolé la gigantissime chaîne des Himalaya, entraperçu par le hublot de l’avion une petite tête d’Everest dépasser des nuages, et fait une halte technique juste frustrante à Lhassa, nous atterrissons à Katmandou. Encore une fois, nous avons changé de planète par rapport aux avenues relativement propres et bien rangées de Chine. Le micro-taxi qui nous emmène de l’aéroport à notre hôtel slalome entre les voitures, les motos, les bus, les camions, les vélos, les vaches, les rickshaws, les chiens galeux, les gens, une main sur le volant et l’autre sur le klaxon. OK, ici, comme l’indique le « HORN PLEASE » peint sur l’arrière de chaque camion, la circulation est réglée au klaxon, en véritable cacophonie, et le plus grand a priorité sur le plus petit même si, théoriquement, la loi considère l’inverse. La circulation est tellement chaotique que, n’y ayant point prêté attention lors de notre arrivée depuis l’aéroport, nous mettrons ensuite pas moins de 4 jours pour déterminer avec une totale certitude que le sens de circulation se situe bien à gauche (pas évident dans les ruelles de Thamel). Les tas d’ordures s’accumulent sur le bord de la route, la rivière est une véritable poubelle, une odeur rance provenant des décharges flotte dans l’air avec la poussière. Mais les abords de route sont aussi un festival de couleurs, une foule dense de saris multicolores et pailletés, qui défile devant nos yeux éblouis.

Nous sommes chanceux : le jour de notre arrivée coïncide avec celui de l’anniversaire de la naissance de Siddartha Gautama, qui, VI siècles av JC renonça aux luxes de sa condition de prince et parti à la recherche de la fin de la souffrance humaine, et, trouvant le chemin de l’éveil dans la voie du milieu, atteignit l’illumination et devint Bouddha. De nombreuses célébrations bouddhistes sont au programme dans les différents sites sacrés de la ville. Nos sacs à dos à peine posés, nous voilà repartis vers le Bodnath, le fameux stupa bouddhiste dont les yeux mi-clos surveillent la ville. Ambiance magique et bain de foule : au son des clochettes, une masse dense de pèlerins se meut lentement autour du stupa, dans le sens horlogique, certains marmonnant des mantras et d’autres activant sur leur passage les rangées de rouleaux de prières. De fervents pratiquants prient dans une gymnastique endiablée, en s’agenouillant puis s’allongeant de tout leur long, face contre terre, sur des planches en bois, avant de revenir sur leur genoux et répétant infatigablement le mouvement. Des cortèges de moines en robe rouge se forment sur des chars, et, après un tour du stupa, partent dans la ville. De nombreux hindouistes sont présents, nous comprendrons vite qu’il existe au Népal un mélange étroit entre bouddhisme et hindouisme, lié aux origines de Bouddha (dont les parents étaient hindouistes). Au crépuscule, des guirlandes de loupiotes s’allument tout autour du stupa, de petits groupes se réunissent et entament des chants en allumant des bougies. Nous nous laissons envoûter par cette ambiance magique de ferveur religieuse intense puis partons découvrir la cuisine népalaise, et le dal bat (ou thali), cet assortiment de soupe de lentilles, de curry de légumes et de pickles servi avec une bonne ration de riz qui nous accompagnera tout le reste du mois, au grand désespoir des intestins de Phil… et de mon nez ;-).

Nous passons les jours suivants à flâner sur Durbar square et à nous perdre dans les rues de Katmandou, un véritable musée à ciel ouvert, avec de petits temples à chaque coin de rue, de grands bassins où la population vient puiser son eau, de vieilles maisons en briques d’architecture newar, ornée de fenêtres de bois finement travaillées, des poutres joliment sculptées soutenant les toits. En les explorant, nous découvrons au centre des maisons de petites cours intérieures ornées d’un temple. Nous tombons ainsi sur toute une série d’alcôves de pierre contenant des représentations de Shiva, Vishnu ou Ganesh peinturlurées de pigments rouges ou jaunes, ou sur des stupas blancs surmontés des yeux de Katmandou d’où rayonnent des guirlandes de drapeaux à prières flottant au vent. Et avant toute autre chose, nous faisons ici la rencontre avec le sourire des népalais, des gens adorables et particulièrement accueillants dont le très bon anglais facilite les échanges et leur est bien utile pour tenter leur chance d’arnaquer quelques touristes :-)…. Dans le chaos et la foule urbains, notre attention doit simultanément gérer l’admiration du paysage et des gens, le fait d’éviter les trous dans la route, les rickshaws, les voitures, et franchement, le soir, nous sommes complètement exténués pas Katmandou. C’est d’autant mieux car ici, resto et bars ferment avant 23h !

Nous partons ensuite découvrir Patan, une ville proche de la capitale qui possède son propre Durbar square et un tout aussi bel échantillon d’architecture newar que la capitale. Suite à un contact établi à Shangri-La, en Chine, nous y rencontrons Thomas, architecte viennois d’origine et qui consacre sa carrière à la restauration de sites du patrimoine népalais, comme les bâtiments du Durbar Square de Patan. Ces derniers avaient été complètement détruits lors d’un tremblement de terre en 1934 et reconstruits par de petits groupes d’habitants bénévoles, qui avaient parfois laissé leur fantaisie architecturale s’exprimer et avaient reconstruit les murs sur le modèle de la tour de pise. Thomas et son équipe d’ouvriers locaux redressent donc tout cela afin de préserver ce précieux patrimoine architectural. Nouveau shooting photo pour Phil en perspective. Et, comme les habitants dans les rues, les ouvriers de l’équipe se plient volontiers au jeu du photographe, qui est aux anges dans ce pays.

Après ces quelques jours passés dans la cacophonie et la foule, nous partons nous ressourcer dans les campagnes népalaises de la vallée de Katmandou, dans les environs de 2 petits villages newar, Panauti et Dhulikhel. Assis sur le toit du bus public, les campagnes défilent sous nos yeux. Une fois arrivés à destination, nous nous y retrouvons bloqués jusqu’à l’arrivée d’Alex par une succession de grèves qui paralysent le pays (on se croirait presque en France). Le gouvernement doit établir une constitution avant une date limite et n’y parvient pas (tiens, là, on se sent presqu’en Belgique), et les partis imposent des grèves aux commerces et aux transports, sous peine de représailles violentes.

Profitant du fait d’être bloqués ici, nous enchaînons les longues promenades à pied dans des campagnes et villages avoisinants, et traversons des paysages de collines aux flancs couverts de cultures en terrasses (pommes de terre, riz), escaladons des montagnes au sommet desquelles se dresse un monastère bouddhiste, croisons des porteurs au lourd panier chargé de fourrage écrasant leur front par une épaisse lanière. L’appareil photo de Phil ne sait plus où donner de l’objectif tant les scènes de vie rurale superbes sont omniprésentes et les gens plus que coopératifs et accueillants. En remerciement, il leur offre leur portrait imprimé grâce une mini-imprimante portable qu’il avait eu la grande idée d’acheter à Bangkok, ce qui laisse les villageois ravis.

A Dhulikel, nous logeons pendant près d’une semaine dans une guesthouse familiale située face à un paysage de montagnes himalayennes, qui ne sont malheureusement que rarement visibles en cette saison (en général tôt le matin). Elle est gérée par un grand-père népalais, que nous surnommons vite « Papa poule» parce qu’il nous couve comme des enfants, nous étouffant parfois de son excès de gentillesse et d’attention. A la fin de nos ballades, nous cherchons un moyen de rentrer au village où nous logeons et dont nous avons passé la journée à nous éloigner… pas toujours évident avec toutes ces grèves et l’absence de bus ! Mais nous pouvons toujours compter sur la gentillesse des népalais, qui nous prennent en stop avec le sourire… parfois confortablement installés sur la banquette arrière, parfois à l’arrière d’un camion, intercalés entre sa paroi et la citerne de lait qu’il transporte, parmi les mouches et dans l’odeur écœurante du lait rance.. burp, vive les tournants, allez, on se concentre, on respire par la bouche et ca va aller ;-)

Retrouvez notre sélection photos sur :

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et une magnifique série de portraits pris par Phil :

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