Escapades sur le toit du monde

C’est au moment de l’atterrissage que nous regrettons d’avoir pris l’avion pour gravir les cols himalayens à 5000m d’altitude menant à Leh, la principale ville du Ladakh, évitant ainsi 3 jours de routes en lacets…. Bien pratique, sauf qu’au moment d’atterrir, le pilote doit slalomer entre les sommets des montagnes, ses ailes frôlant leurs parois à quelques dizaines de mètres (qui bien sûr nous paraissent être bien moins que ca, dans l’angoisse du moment ;-). Ouf, c’est sains et saufs que nous posons le pied sur à Leh, située à 3500 mètres d’altitude. Pas si haut que ca, et pourtant, nous ressentons tous les deux les effets de l’altitude pendant les premiers jours. Le Ladakh est une région grandiose, faite des plus hauts sommets et des vallées les plus sèches du monde, et de vertes vallées concentrées autour des rivières. En cette période où les moussons arrosent le reste de l’Inde, les nuages sont arrêtés par les premières montagnes de l’Himalaya et le soleil brille sur le haut plateau himalayen.

La culture ici est principalement tibétaine, même si on y retrouve aussi certaines influences de l’islam qui montent depuis le Cachemire voisin. C’est la saison idéale pour venir découvrir ce pays, complètement isolé pendant les 8 mois d’hiver où la température descend en dessous de -40°C et où les routes sont coupées, l’isolant du reste du monde et ralentissant son activité au strict minimum.

Une douce ambiance bouddhiste plane sur la région, avec des chortens (des sortes de stupas) perdus au milieu des déserts minéraux, des rouleaux de prières disséminés le long des routes. Durant notre séjour, nous avons la chance d’assister à plusieurs festivals bouddhistes dans des monastères perchés sur les flancs des montagnes. Les moines en robe rouge, coiffés d’une espèce de mitre rouge soufflent dans de longues trompettes de cuivre, ou jouent des cymbales. Certains sont parés de masques de faces d’animaux et portent les costumes de fêtes colorés. Ils dansent sur la piste centrale dans des chorégraphies pas toujours synchros, admiré par une foule de locaux tout aussi belle à regarder que le spectacle, si pas plus. Les petites vieilles portent les robes traditionnelles tibétaines et sont coiffées de deux tresses reliées à leur extrémité. Leurs sourires édentés et ridés me font complètement fondre.

Pour visiter les vallées désertiques et immenses du Ladakh, nous avons choisi la moto… et c’est sur notre terrible engin que nous escaladons les routes les plus hautes du monde pour découvrir des paysages à couper le souffle, les plus beaux de tout notre périple. Les routes sont bordées de dénivelés abyssaux, et au détour de chaque tournant, nous découvrons de nouveaux paysages spectaculaires, faits de roches multicolores, de lacs éblouissants, ou de sommets sidéraux. Par moments, on se croirait vraiment sur la lune tellement c’est impressionnant. Toujours avec la petite note humoristique sur les panneaux des services de sécurité routière. Sur notre deux-roues, nous escaladons des routes en lacet interminables, frigorifiantes mais magnifiques. J’essaie d’oublier mes fesses en compote en dégustant une assiette de momos ou une tasse de thé au lait et au massala une fois arrivée au sommet, lors d’une petite pause dans l’une des nombreuses tentes se ventant d’être LA « plus haute cafétéria du monde » (sauf qu’il y en a plusieurs, ce qui risque de poser un problème pour leur reconnaissance par le Guiness Book des Records !).

Seul petit raté, c’est que quand on nous annonce que non, il n’est pas nécessaire de prendre un bidon d’essence jusqu’à notre destination car on pourra y trouver une pompe à essence, on ne se doutait pas qu’elle serait vide, et ce pour les quinze jours à venir avant la prochaine livraison d’essence… Zut ! C’est donc à l’arrière d’un camion que la moto (et Phil) feront le trajet de retour (moi je reste bien au chaud à coté du chauffeur et de la nonette en robe rouge qu’il ramène à la capitale ;-).

Il manquait un brin de spiritualité à notre voyage. Tous deux, nous étions depuis longtemps intéressés par le bouddhisme et intrigués par la méditation. Est-il vraiment possible de se vider totalement l’esprit et de ne penser à rien ? Sur notre route, nous avions rencontré plusieurs voyageurs qui avaient fait l’expérience d’une retraite en silence dans des centres de méditation. Sur leurs conseils, nous nous rendons à Dharamsala, une ville du nord de l’Inde à population fortement tibétaine. C’est la ville où est réfugié le Dallai Lama depuis sa fuite forcée du Tibet occupé, ainsi que de nombreux tibétains qui l’ont suivi après un rude périple de plus de 2 ans dans les montagnes de l’Himalaya. Nous avons entendu parler de Tushita, un centre de méditation situé dans les montagnes en amont de Dharamsala. Nous nous inscrivons donc pour cette expérience spirituelle de 10 jours, dans une propriété située dans un parc peuplé de singes, et, en cette saison, en permanence perdu dans les nuages et arrosé chaque jour par les pluies diluviennes de la mousson.

Lors de cette retraite, nous avions chaque jour environs 4 heures de cours sur le bouddhisme et 4 heures de méditation, dont certaines se faisaient simplement en silence, tandis que les autres étaient guidées par un moine, sur un sujet bien particulier et nous faisaient nous remémorer certaines expériences de vie difficiles, ou regrettables, ou des moments de bonheur. Le tout se faisant dans des horaires monastiques bien définis, ce qui aide à la concentration, et en silence (théoriquement tout du moins ;-), de manière à permettre à chacun de pouvoir se retrouver seul avec soi-même et avec ses pensées.

Nous étions un groupe de 80 personnes, et le mot d’ordre de maintenir le silence pendant 10 jours étais plus ou moins suivi. Le silence pendant 10 jours, au final, c'était vraiment chouette (en tous cas c'est mon avis). Etre seul avec soi-même à méditer sur les concepts enseignés ce jour-là et sur ses propres expériences de vie en relation avec ca, sans se perdre en discussions "sociales" avec les 80 autres participants, ca permettait de réaliser une véritable introspection.

Au sortir de ces 10 jours, je me remercie d’avoir pris ce temps pour moi-même, et de m’être accordée cette expérience spirituelle enrichissante et relaxante, ouvrant d’intéressantes pistes à suivre pour notre vie qui se promet d’être, comme d’habitude, plus que bien remplie à notre retour en Europe (je confirme au moment d’écrire ce post, depuis l’Europe et un mois plus tard ;-). Que du positif donc.

Après cette retraite, nous nous envolons vers les plages de Goa pour notre dernière semaine de voyage, dans un pari risqué contre la mousson. Pari perdu, il pleut à longueur de journée et nous ne pourrons aucunement profiter des bains de soleil escomptés… C’est donc en regardant la pluie tomber que nous décomptons les jours avant de vous retrouver tous chers amis et , nous réacclimatant déjà au climat de notre bonne vieille Belgique :-)

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