Chinoiseries

Après 2 mois entiers passés au Laos, il est temps de poursuivre notre route vers notre prochaine destination : le Yunnan, province située au sud ouest de la Chine, un pays dont on nous a dépeint des habitants au caractère peu accueillant et rude, et que nous appréhendons un peu après la douceur et l’accueil laotiens. Nous quittons donc le Laos en bus, sur des routes de montagnes défoncées aux innombrables virages qui nous emmènent, au travers des villages ruraux de maisons de bois sur pilotis et aux toits de paille, jusqu’à la frontière chinoise, une impressionnante arche de fer dont la modernité contraste avec la simplicité des villages que nous laissons derrière nous… et le contraste ne s’arrête pas là : une fois passés la frontière, nous entrons dans un autre monde : des autoroutes à doubles bandes, rectilignes, au bitume parfaitement lisse, franchissant ravins et montagnes par d’innombrables ponts et tunnels, traversant des villes semblables à des décors de cinéma, semblant avoir été construites hier et grouillant de monde, des campagnes cultivées jusqu’au moindre centimètre carré, plus un seul arbre de forêt primaire à l’horizon… une croissance économique visible, récente et hyper rapide, qui fait presque peur !



Après changement de bus, nous atteignons Jinghong, anciennement une petite ville, dont la population et la superficie ont triplé en 5 ans. Oui, c’est sûr, nous avons changé de monde, entourés de buildings, de magasins de GSM par centaines, de lumières clignotant dans tous les sens, d’une circulation dense mais étonnamment silencieuse (ici, la plupart des mobylettes sont électriques - après avoir manqué de me faire écraser 3 fois, j’ai appris à regarder avant de traverser au lieu de me fier à mes oreilles !!!). Ici, pas une âme parlant anglais pour me renseigner sur la destinée de parking qu’a connu la guesthouse indiquée dans mon guide de voyage. Même le phrasebook ne nous sert pas à parler avec les gens, car, en chinois, chaque lettre peut être prononcée dans 4 tons différents, ce qui donne tout un autre sens au mot proféré, et apparemment, ni Phil ni moi ne maîtrisons cette fameuse prononciation. Bref, nous communiquons soit en faisant lire la traduction en écritures chinoises dans notre phrasebook, soit par mimes, dans des situations qui s’avèrent souvent vraiment drôles. Et, contrairement à nos aprioris négatifs, les habitants se révèlent être accueillants et disposés à nous aider. Et un apriori de plus qui sera tombé au cours de ce voyage, on ne les compte plus au final !



Jinghong, malgré son côté ville chinoise en carton pâte qui a grandit trop vite, a aussi un côté bien sympa : ses grandes artères surplombées de drapeaux de couleurs sont bordées de palmiers qui lui donnent un petit air de côte d’azur, et elle est aérée de parcs où les locaux viennent se prélasser et jouer avec leur enfant pendant l’après-midi, ou répéter les danses locales au crépuscule.



Nous partons 2 jours en trek, à la découverte de cette région de collines verdoyantes qu’est le Xishuangbanna avec notre guide Mr Rush (qui, je le confirme, porte bien son nom). Nous traversons les villages, et observons, un peu horrifiés, des cultures à perte de vue… ici, la nature est plus que surexploitée, chaque centimètre de forêt a été coupé durant les 10 dernières années, à une vitesse effrayante, pour être remplacée par des cultures de bananes transgéniques, de caoutchouc, de maïs, de soja, des cultures qui, selon les habitants, sont truffées d’insecticides et dopées aux fertilisants. Les flancs des collines sont toujours occupés par des plantations de thé, la culture traditionnellement exploitée dans cette région et qui produit un des thés les plus réputés du monde.


Nous rencontrons plusieurs villageois, communiquant par l’intermédiaire de Mr Rush, et à nouveau, ils nous accueillent de manière particulièrement chaleureuse, balayant tous nos aprioris sur le légendaire mauvais caractère chinois. Nous passons la nuit dans la maison de la famille du chef du village, qui appartient à l’ethnie des Hanis et vit avec sa femme, son fils et la femme de celui-ci. Cette dernière nous prépare un festin que nous dégustons tous ensemble autour du feu. Pour l’occasion, Phil et moi allons chercher une caisse de bières pour accompagner le repas, mais on se rend vite compte que nous ne sommes plus au Laos au rythme modéré où ces gens boivent leur verre (enfin un break !). La grand-mère ne cesse de nous parler dans sa langue incompréhensible, me pressant gentiment l’épaule ou le bras avec de petits sourires adorables. Mr Rush me traduit entre autres qu’elle nous invite à revenir lors de notre prochain passage dans la région, et qu’elle voudrait me faire essayer les tenues traditionnelles le lendemain matin... Si ca peut lui faire plaisir, et je connais un photographe que cela va ravir ;-) Après une nuit relativement courte (ben oui, l’activité ici recommence vers 4 heures !) et un petit déjeuner de riz accompagné des restes de la veille, j’essaie avec elle ses costumes colorés et parures de bijoux ornées de plumes et d’anciennes pièces de monnaie, parures qu’elle conserve précieusement emballées dans un tissu dans son armoire. La façon dont elle les déballe pour me les dévoiler, tels des trésors, les yeux brillants de fierté est particulièrement touchante. Et ils lui vont à ravir ses pompons, contrairement à moi, mais bon, elle est tellement contente que ca fait vraiment plaisir de jouer le jeu. Phil prend toute une série de photos de la famille que nous faisons imprimer une fois de retour à Jinghong, leur faisant parvenir par l’intermédiaire de Mr Rush. Nous quittons ensuite cette petite famille attachante, reprenant notre route au travers des campagnes.



19 heures de bus plus tard, dont 12 passées confortablement couchés dans un sleeping bus, nous atteignons notre destination suivante, Yuang Yang, une petite ville perchée aux milieu des montagnes dont les flancs sont recouverts de rizières en terrasses qui comptent parmi les plus belles du monde… et effectivement, ces paysages sont à couper le souffle, même s’il n’était pas réellement nécessaire de se lever à l’aurore pour les admirer, vu qu’elles nous apparaissent plus belles sous le soleil de midi qu’à l’aube ! Dans cette contrée montagneuse, les villageoises de tout âge portent encore les vêtements traditionnels de leur ethnie, transformant le petit marché du village voisin en véritable festival de couleurs. C’est une tradition qui a tendance à se perdre un peu partout et que nous avons la chance de pouvoir encore observer ici, et qu’on vous invite à partager en photos : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10150176290022224.288058.591557223&l=dbe2755c39



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