Nepal: decidement, non ce pays n'est pas laid!

Après avoir survolé la gigantissime chaîne des Himalaya, entraperçu par le hublot de l’avion une petite tête d’Everest dépasser des nuages, et fait une halte technique juste frustrante à Lhassa, nous atterrissons à Katmandou. Encore une fois, nous avons changé de planète par rapport aux avenues relativement propres et bien rangées de Chine. Le micro-taxi qui nous emmène de l’aéroport à notre hôtel slalome entre les voitures, les motos, les bus, les camions, les vélos, les vaches, les rickshaws, les chiens galeux, les gens, une main sur le volant et l’autre sur le klaxon. OK, ici, comme l’indique le « HORN PLEASE » peint sur l’arrière de chaque camion, la circulation est réglée au klaxon, en véritable cacophonie, et le plus grand a priorité sur le plus petit même si, théoriquement, la loi considère l’inverse. La circulation est tellement chaotique que, n’y ayant point prêté attention lors de notre arrivée depuis l’aéroport, nous mettrons ensuite pas moins de 4 jours pour déterminer avec une totale certitude que le sens de circulation se situe bien à gauche (pas évident dans les ruelles de Thamel). Les tas d’ordures s’accumulent sur le bord de la route, la rivière est une véritable poubelle, une odeur rance provenant des décharges flotte dans l’air avec la poussière. Mais les abords de route sont aussi un festival de couleurs, une foule dense de saris multicolores et pailletés, qui défile devant nos yeux éblouis.

Nous sommes chanceux : le jour de notre arrivée coïncide avec celui de l’anniversaire de la naissance de Siddartha Gautama, qui, VI siècles av JC renonça aux luxes de sa condition de prince et parti à la recherche de la fin de la souffrance humaine, et, trouvant le chemin de l’éveil dans la voie du milieu, atteignit l’illumination et devint Bouddha. De nombreuses célébrations bouddhistes sont au programme dans les différents sites sacrés de la ville. Nos sacs à dos à peine posés, nous voilà repartis vers le Bodnath, le fameux stupa bouddhiste dont les yeux mi-clos surveillent la ville. Ambiance magique et bain de foule : au son des clochettes, une masse dense de pèlerins se meut lentement autour du stupa, dans le sens horlogique, certains marmonnant des mantras et d’autres activant sur leur passage les rangées de rouleaux de prières. De fervents pratiquants prient dans une gymnastique endiablée, en s’agenouillant puis s’allongeant de tout leur long, face contre terre, sur des planches en bois, avant de revenir sur leur genoux et répétant infatigablement le mouvement. Des cortèges de moines en robe rouge se forment sur des chars, et, après un tour du stupa, partent dans la ville. De nombreux hindouistes sont présents, nous comprendrons vite qu’il existe au Népal un mélange étroit entre bouddhisme et hindouisme, lié aux origines de Bouddha (dont les parents étaient hindouistes). Au crépuscule, des guirlandes de loupiotes s’allument tout autour du stupa, de petits groupes se réunissent et entament des chants en allumant des bougies. Nous nous laissons envoûter par cette ambiance magique de ferveur religieuse intense puis partons découvrir la cuisine népalaise, et le dal bat (ou thali), cet assortiment de soupe de lentilles, de curry de légumes et de pickles servi avec une bonne ration de riz qui nous accompagnera tout le reste du mois, au grand désespoir des intestins de Phil… et de mon nez ;-).

Nous passons les jours suivants à flâner sur Durbar square et à nous perdre dans les rues de Katmandou, un véritable musée à ciel ouvert, avec de petits temples à chaque coin de rue, de grands bassins où la population vient puiser son eau, de vieilles maisons en briques d’architecture newar, ornée de fenêtres de bois finement travaillées, des poutres joliment sculptées soutenant les toits. En les explorant, nous découvrons au centre des maisons de petites cours intérieures ornées d’un temple. Nous tombons ainsi sur toute une série d’alcôves de pierre contenant des représentations de Shiva, Vishnu ou Ganesh peinturlurées de pigments rouges ou jaunes, ou sur des stupas blancs surmontés des yeux de Katmandou d’où rayonnent des guirlandes de drapeaux à prières flottant au vent. Et avant toute autre chose, nous faisons ici la rencontre avec le sourire des népalais, des gens adorables et particulièrement accueillants dont le très bon anglais facilite les échanges et leur est bien utile pour tenter leur chance d’arnaquer quelques touristes :-)…. Dans le chaos et la foule urbains, notre attention doit simultanément gérer l’admiration du paysage et des gens, le fait d’éviter les trous dans la route, les rickshaws, les voitures, et franchement, le soir, nous sommes complètement exténués pas Katmandou. C’est d’autant mieux car ici, resto et bars ferment avant 23h !

Nous partons ensuite découvrir Patan, une ville proche de la capitale qui possède son propre Durbar square et un tout aussi bel échantillon d’architecture newar que la capitale. Suite à un contact établi à Shangri-La, en Chine, nous y rencontrons Thomas, architecte viennois d’origine et qui consacre sa carrière à la restauration de sites du patrimoine népalais, comme les bâtiments du Durbar Square de Patan. Ces derniers avaient été complètement détruits lors d’un tremblement de terre en 1934 et reconstruits par de petits groupes d’habitants bénévoles, qui avaient parfois laissé leur fantaisie architecturale s’exprimer et avaient reconstruit les murs sur le modèle de la tour de pise. Thomas et son équipe d’ouvriers locaux redressent donc tout cela afin de préserver ce précieux patrimoine architectural. Nouveau shooting photo pour Phil en perspective. Et, comme les habitants dans les rues, les ouvriers de l’équipe se plient volontiers au jeu du photographe, qui est aux anges dans ce pays.

Après ces quelques jours passés dans la cacophonie et la foule, nous partons nous ressourcer dans les campagnes népalaises de la vallée de Katmandou, dans les environs de 2 petits villages newar, Panauti et Dhulikhel. Assis sur le toit du bus public, les campagnes défilent sous nos yeux. Une fois arrivés à destination, nous nous y retrouvons bloqués jusqu’à l’arrivée d’Alex par une succession de grèves qui paralysent le pays (on se croirait presque en France). Le gouvernement doit établir une constitution avant une date limite et n’y parvient pas (tiens, là, on se sent presqu’en Belgique), et les partis imposent des grèves aux commerces et aux transports, sous peine de représailles violentes.

Profitant du fait d’être bloqués ici, nous enchaînons les longues promenades à pied dans des campagnes et villages avoisinants, et traversons des paysages de collines aux flancs couverts de cultures en terrasses (pommes de terre, riz), escaladons des montagnes au sommet desquelles se dresse un monastère bouddhiste, croisons des porteurs au lourd panier chargé de fourrage écrasant leur front par une épaisse lanière. L’appareil photo de Phil ne sait plus où donner de l’objectif tant les scènes de vie rurale superbes sont omniprésentes et les gens plus que coopératifs et accueillants. En remerciement, il leur offre leur portrait imprimé grâce une mini-imprimante portable qu’il avait eu la grande idée d’acheter à Bangkok, ce qui laisse les villageois ravis.

A Dhulikel, nous logeons pendant près d’une semaine dans une guesthouse familiale située face à un paysage de montagnes himalayennes, qui ne sont malheureusement que rarement visibles en cette saison (en général tôt le matin). Elle est gérée par un grand-père népalais, que nous surnommons vite « Papa poule» parce qu’il nous couve comme des enfants, nous étouffant parfois de son excès de gentillesse et d’attention. A la fin de nos ballades, nous cherchons un moyen de rentrer au village où nous logeons et dont nous avons passé la journée à nous éloigner… pas toujours évident avec toutes ces grèves et l’absence de bus ! Mais nous pouvons toujours compter sur la gentillesse des népalais, qui nous prennent en stop avec le sourire… parfois confortablement installés sur la banquette arrière, parfois à l’arrière d’un camion, intercalés entre sa paroi et la citerne de lait qu’il transporte, parmi les mouches et dans l’odeur écœurante du lait rance.. burp, vive les tournants, allez, on se concentre, on respire par la bouche et ca va aller ;-)

Retrouvez notre sélection photos sur :

https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10150177703477224.288502.591557223&l=65c8b99f1b

et une magnifique série de portraits pris par Phil :

https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10150177719642224.288505.591557223&l=3d3026e9b5

Aucun commentaire: